Comment l’IEF – 13. Sénateurs, sénatrices, foutez-nous la paix.

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L’info circule depuis hier : le 18 décembre dernier, une poignée de sénateurs, au lieu de s’occuper de préparer Noël, a cru bon de soumettre une proposition de loi visant à restreindre très fortement le droit à l’IEF.

Admirez l’exposé des motifs, que je recopie in extenso ici :

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

L’un des buts de la scolarisation de l’enfant est sa socialisation. Celle-ci nécessite une éducation qui ait une dimension collective, qui lui permette de découvrir la diversité des conditions et des cultures des enfants de son âge et de rendre son développement plus harmonieux.

Dans cet esprit, l’éducation à domicile par la famille ne peut être qu’une situation exceptionnelle, liée à l’état de santé ou à l’incapacité permanente ou temporaire de l’enfant.

Elle ne peut être le prétexte d’une désocialisation volontaire, destinée à soumettre l’enfant, particulièrement vulnérable, à un conditionnement psychique, idéologique ou religieux.

La présente proposition de loi, qui respecte l’esprit de la convention internationale relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la France en 1990 (et notamment les articles 3, 13, 14 et 29 alinéas 1er a) et d) vise donc à redimensionner cette possibilité en la limitant aux cas d’incapacité et à la soumettre à un contrôle de professionnels agréés par l’Éducation Nationale sans faire pour autant disparaître l’enquête sociale de la commune.

C’est grandiose. Ils ont dû lire Le Plus du Nouvel Obs en boucle.

Inutile de dire que les familles IEF bouillonnent d’indignation, ainsi que les gens non concernés a priori mais qui n’apprécient pas pour autant les amalgames, la désinformation, le grignotage de leurs droits quels qu’en soient les motifs (avoués ou non), et, pour résumer, qu’on les prenne pour des cons.

Je ne vais même pas développer le côté ridicule et diffamatoire de la phrase « [l’éducation à domicile] ne peut être le prétexte d’une désocialisation volontaire, destinée à soumettre l’enfant, particulièrement vulnérable, à un conditionnement psychique, idéologique ou religieux. » qui, dans ce contexte, implique que l’intégralité des familles ne scolarisant pas ou déscolarisant leurs enfants pour des motifs autres que médicaux (en gros) le fait à des fins de désocialisation et d’endoctrinement. Carrément. Avec son scepticisme personnel, mon-amie-la-psy-du-plus-du-nouvel-obs fait maintenant très, très petite joueuse.

Plusieurs pétitions ont déjà été lancées, dont celle-ci demandant l’abandon pur et simple de cette proposition de loi.

Attention, un autre lien circule concernant une proposition de loi plus ou moins similaire ayant été rejetée, mais il s’agissait d’une autre proposition datant de 2007, rejetée à l’époque au titre que la liberté du choix de l’instruction est inscrite dans la Constitution.

Je n’ai guère d’inquiétudes sur le sort de la nouvelle proposition de loi qui est tout aussi anti-constitutionnelle.
MAIS alors que depuis une vingtaine d’années les droits des familles pratiquant l’IEF sont petit à petit réduits et les contraintes augmentées, il est fort possible qu’on profite du rejet de cette proposition délirante pour faire passer une nouvelle petite modification en douce, qui compliquerait encore davantage la vie des non-scos.

Donc restons très vigilants.

Une réponse "

  1. « L’un des buts de la scolarisation de l’enfant est sa socialisation. » Et quand on voit la société actuelle, quelle réussite ! Pétition signée des deux mains.

  2. Bonjour

    Pouvez vous me dire quan il y aura discussion parlementaire et conclusion de cette proposition ?

    Cordialement

  3. Pingback: L’énervé(e) du dimanche – 21 | Le blog de MelyNaë

  4. Pétition signée.
    Je me disais que c’était assez paradoxal que vous vous battiez autant pour ne pas scolariser vos enfants, pendant que nous, parents d’enfants autistes (mais aussi de nombreux autres handicaps), nous bagarrons tellement pour qu’ils aient droit à l’école. Je me demandais un peu comment gérer cette schizophrénie latente qui me poussait à être partisane des deux combats à la fois. Et enfin (parce que des fois, les neurones se réveillent par un beau dimanche), je viens de comprendre que les deux sont totalement connectés.
    Je pense que si l’école « pour tous » était vraiment « pour tous », si elle était capable d’accepter tous les enfants dans leur particularité et de les aider à avancer, chacun à son rythme en fonction de ses moments de questionnement, de ses envies d’apprendre et non pas en fonction d’un programme normé selon l’âge, le combat de l’IEF serait moins vital (vital, au sens qu’on donne vie à un enfant et que, bon sang ! c’est pas pour le laisser se faire bousiller par le système scolaire).
    Ce qui ne signifie pas que l’échec du système, sa normalisation excessive et son intolérance soient les seules raisons de pratiquer l’IEF (je pense notamment aux familles qui emmènent leurs enfants en voyage, celles qui pensent que la vie s’apprend mieux dans la vie que dans une salle fermée, etc…) mais cette école-là est pointée par tellement de gens comme source de souffrance et de dégoût de l’apprentissage que c’est d’une mauvaise foi écoeurante de nier ce problème.
    Plus facile de prétendre que les parents qui rejettent le système veulent endoctriner leurs enfants.

  5. Petit mot normalement ajouté à ma signature : »En tant que future orthophoniste, je ne peux que constater les dégâts provoquées par les programmes scolaires de plus en plus chargés et de plus en plus précoces. Faire croire que les parents qui instruisent leurs enfants en famille le font *forcément* avec de mauvaises intentions, c’est déjà fermer les yeux sur l’échec du système scolaire en matière de connaissances, mais aussi d’équilibre psychique et justement de sociabilisation (sauf à penser que la sociabilisation se limite à dire « moi je suis meilleur que toi » et à classer les gens selon des notes pour mépriser les plus faibles et enorgueillir les plus précoces). C’est aussi oublier la liberté fondamentale de tout individu. Par exemple, concernant l’ouverture aux autres cultures, censément apprise sur les bancs de l’école, ne peut-on pas penser, que les parents qui emmènent leurs enfants partout en voyage avec eux, le leur apprennent bien mieux ? »
    Je le copie-colle ici parce que je ne suis pas sûre que ma signature ait été prise en compte. Si ce n’est pas le cas, je pourrai revenir le chercher ^_^
    (Oui, c’est le bazar sur mon ordi, après, je ne retrouve rien).

  6. Isa_G : je suis tout à fait d’accord avec toi. Et il existe en France quelques écoles qui prennent en compte ce que tu dis, et dont les enfants passent aussi pas mal de temps en dehors des salles de classe (écoles Steiner, Montessori, etc.). Il y en a assez peu sur le territoire et leur coût est parfois élevé car ne sont pas subventionnées.

    Mély : aurais-tu des origines suédoises ? 😉 http://www.oveo.org/ (Si j’aurais su … je serais né en Suède)

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